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Transat retour...

  • charlotteverger
  • 21 juil. 2023
  • 6 min de lecture

Dernière mise à jour : 22 juil. 2023

Le mot de Charlotte

La transat retour ! Rod nous avait prévenus dès que le projet a commencé à être évoqué et n’a pas arrêté de le répéter régulièrement pendant le voyage : la transat retour, c’est pas du gâteau !

Dans ce contexte, j’avoue que le retour est dans un coin de ma tête dès l’arrivée à Sainte Anne...La transat aller s’était super bien passée mais c’est vrai que ce petit détail du retour ne m’a pas vraiment quittée au fur et à mesure des semaines et des mois !

Aucune pression de la part de Rod. Pas d’obligation de faire le retour et ce n’était pas un échec si on ne le faisait pas ensemble. Tout pouvait s’envisager : rentrer en avion avec Oscar et prendre des équipiers, faire le retour tous les trois avec des équipiers, Rod a même quelques fois évoqué de le faire en solo ! On n'a juste jamais évoqué mettre le bateau dans un cargo comme nos amis suédois et leur HallbergRassy ! Au fur et à mesure de rencontres avec des familles, on remarquait que des équipages s’organisaient amenant à chaque fois la discussion. Mais pour moi, depuis le début du projet et tout au long, il n’a jamais été question de se séparer. D’abord parce je voulais assumer et assurer le projet jusqu’au bout. De plus, j’avais très très envie de découvrir les Açores !!

Une autre partie de la discussion concernant le retour était de décider si on allait jusqu'aux Bahamas. Si on (j’ai ?) a mis du temps à se décider, c’est qu’on savait qu’en montant jusqu’aux Bahamas, on ne se facilitait pas la tâche !! Davantage de distance, météo pas du tout la même et plus incertaine, logistique de préparation plus compliquée ! C’est bien pour ça que 90% des navigateurs font la Transat retour depuis Saint Martin qui est le plus façile ! Rod et Oscar étaient à fond pour les Bahamas et pas de problème pour eux mais c’est vrai qu’en ce qui me concernait, je trouvais qu’on avait déjà bien profité et pourquoi compliquer un retour déjà vendu pas façile ?! Mais ils auront eu raison de mes doutes et mes tergiversations !!

Le compte à rebours est lançé vers le 10 Avril quand une date de reprise de fonction de notre capitaine apparait au 2 juin ! Là, il faut plus trainer ! En dehors de l’appro dont les prix sont exorbitants et de la difficulté pour se fournir en gaz aux Bahamas, la préparation du bateau et de la traversée se passent bien. On commence à savoir ce qu’il faut prévoir et à être organisés ! En 48-72h, nous voilà prêts !

Le départ est finalement plutôt serein et en confiance. On sait que ça ne va pas être facile mais je pars en me disant qu’on prendra les choses comme elles viennent !

On est vite mis dans le bain dès la première nuit. Orages et éclairs en pleine nuit absolument noire sans lune ni étoiles sont impressionnants (et puis c’est pas comme si on avait un mat en carbone …!). La journée du lendemain et la 2ème nuit sont plus calmes. Le reste de la sortie des Bahamas est engagé, les dernières pointes se méritent !

Le passage entre Bahamas et Bermudes n’est pas non plus très confort. On comprend mieux la réputation de toute cette zone qui peut clairement être dangereuse et imprévisible. On surveille tout le temps le ciel, les nuages... Des grains peuvent apparaitre en qqs minutes. On se fait surprendre 2 fois heureusement de jour et la nuit, sans visi, et bien nous croisons les doigts en ayant réduit la toile, just in case…

A bord, c’est tout aussi peu confortable. Du près, du près et encore du près. Tous les petits gestes de la vie quotidienne sont un petit défi ! Difficile de se déplacer, faire à manger (et manger !), faire la vaisselle, aller aux WC, ouvrir les placards au vent.. Pour dormir, on est en revanche pas trop mal installés dans la cabine arrière, calés contre les voiles . Et puis à la sortie des Bahamas, on a chaud, ultra chaud ! Et impossible de garder les hublots ouverts avec une Mer agitée et pas rangée du tout ! Rod est très sollicité entre météo, routage et anticiper les manœuvres avec ce vent qui varie beaucoup en force. Les conditions sont donc variables et changeantes sur la première moitié. On a continué à jongler entre les grains et avec les ris. Les journées se passent ; beaucoup à l’intérieur, les conditions et la Mer ne donnent pas très envie d’aller dehors ! Rod se fait plaisir avec quelques heures de barre par jour : ça occupe et ça soulage le pilote et les batteries !

En deuxième partie, on a vite senti aussi le frais ! On ressort polaires, caleçons, collants et même la couette ! Selon les moments, la vie à bord est plus ou moins facile et les gestes du quotidien continuent à demander anticipation et organisation. Le stock de vivres est aussi vite descendu. Plus de frais dans le frigo (à part du beurre !) ni de fruits et légumes frais. On va gérer avec les placards ! J’arrive quand même à faire du pain. Ça agrémente bien les petits-déj (et tant pis pour le gaz !) !

Mais une (grosse) dépression aux 2/3 de notre traversée vient contrarier nos plans et notre timing d’arrivée. Rod est encore une fois mobilisé et concentré, ça va être coton !! Au programme, un changement de route : cap sur les Canaries. On se déroute donc de presque 400 NM au SSE 4 jours avant le pic et même avec ça on aura 72H difficiles. On prépare le bateau au max en conséquence, on affale la GV, on range l'antenne Starlink, on cale tout, absolument tout à l'intérieur... On ne met le nez dehors qu'avec la longe mise à poste dès la sortie de la déscente. Rod se fait une journée à la barre : pour négocier au mieux la houle et les vagues (avec une pointe à 17,7 noeuds à la clé). Oscar et moi sommes patients, faisons le dos rond à l’intérieur. On sort les liophylisés et les soupes qui passent trop bien ! Un petit excès de confiance nous fait quand même remettre un peu de GV. Moins de 24H plus tard, on fera l'affalage le plus chaud de tout le voyage !

Ce "petit" détour et des nouvelles des copains EXEO, laissés aux Canaries en Septembre, font aussi revoir le point de chute. On décide d'éviter FAIAL, sa capitale Horta et sa marina, point d'arrivée de 95% des bateaux qui traversent dans ce sens et bondée à cette période ! On décide d'arriver sur la petite île de Santa Maria au SE de l'archipel et réputée pour son calme et sa sérénité.

La fin de cette transat sera restée engagée jusqu’au bout après au final 19 jours de mer et 3200 NM parcourus. Moment mémorable de l’arrivée dans le petit port de l’île de Santa Maria en pleine nuit. Plus un bruit et plus un souffle à peine la digue passée ! On arrive épuisés, à sec de vivres et de gaz mais on trinque au Capitaine, à DESIRADE et à son équipage, contents et avec fierté !


Le mot d'Oscar

Première semaine :

Le début était un peu dur mais ça va! J'aime bien la Transat parce qu'on est en plein Océan Atlantique et on a l'impression d'être en plein désert parce qu'il n'y a que des vagues énormes autour de nous et parce qu'on est libres et on est tout seuls ( parfois 1 ou 2 petits poissons volants ! )

Deuxième semaine :

Pas de vent aujourd'hui mais demain grosse dépression où on va prendre 35 noeuds! On passe nos journées à essayer de s'occuper. Papa à la barre, maman à faire des mots fléchés et moi tantôt à lire les Glénans tantôt à faire des mots fléchés avec maman ou des UNO avec papa ou à faire de l'école avec maman, à faire un peu de Switch ou regarder des films.

Troisième semaine :

L'autre jour on a pris une tempête. 2-3 jours plus tard on a vu des dauphins et pour finir un affalage archi-méga-chaud !


Le Mot de Rod

Une bien belle navigation variée et adaptée à notre coursier familial, du près, du vent fort au portant, moins à une croisière familiale il est vrai..

A retenir : Un nombre incalculable de prise/largage de ris (plus d'une fois par jour). Un nombre tout aussi incalculable de fois où le bateau tapait dans les vagues avec fracas mais sans dégat. Un détour pour éviter le plus gros d'une dépression qui n'était pas encore née au moment ou nous avons décidé de nous dérouter (merci la technologie et la fiabilité de la prévision mais c'est quand même particulier!). Une vague qui a rempli le cockpit, et une ça suffit ! Deux pointes à + de 17 noeuds, merci les vagues. Une arrivée dans le calme de la nuit qu'on est pas prêts d'oublier ! Un super bateau qui nous a décidément bien balladés (et vite ;-) ). Un équipage plein de courage et de détermination, sacrée famille !











 
 
 

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